Mes faiblesses
Je poursuis un peu la réfléxion commencée ici, continuée là. Un peu morose aujourd'hui, je ne me sens pas à la hauteur de ma vocation. Il y a des jours où c'est dur où je me dis que notre système n'est pas adapté, le saucissonnage des cours n'est pas adapté. Les programmes ne le sont pas non plus. Des jours où je peine à récupérer des travaux d'élèves. Des jours où je me dis que j'ai envie de continuer, mais avec des élèves qui ont envie, qui rendent les projets sur lesquels on travaille.
Deux déceptions aujourd'hui.
La première: Les carnets de voyage du voyage à Barcelone. Avec my super PiCiPi on a passé des dizaines d'heures sans compter pour fabriquer nos carnets, des heures à réfléchir sur le contenu, à trouver des concepts intéressant (faire des pages de couvertures personnalisées en classe permettant de valider des items du b2i), on a mis des pages blanches pour que les élèves complètent et décorent, on a trouvé des questions un peu rigolotes pour les faire entrer en contact avec leurs familles d'accueil (du genre: quels magazines peoples trouve t'on chez votre famille, qui est en couverture, qui est cette personne). Nous n'avons pas voulu passer une fois de plus par la note, alors on s'est battus avec l'administration pour obtenir des fonds pour acheter des lots, et faire un jury (constitué par des élèves, des agents, des profs, des personnels d'administration) pour élire les carnets les mieux remplis.
Avec my Picipi nous avons choisi de valoriser des élèves qui n’ont pas de bons résultats mais participent en cours. J’annonce à l’un de ces élèves qu’il fait partie du jury, réponse de celui-ci « non mais en fait je préfère pas madame, parce que bon, ces jours ci je sais pas trop si je vais venir… » No comment. Bon j’ai fini par trouver des élèves qui veulent faire partie du jury, et puis je vais voir les fameux carnets de voyages exposés au Cdi, sur 47 élèves une trentaine seulement a rendu les carnets, sur les carnets rendus seuls une dizaine d’élève a répondu aux questions, décoré colorié. Voilà, on s’est battus avec l’administration en disant qu’en ne passant pas par la note mais en les valorisant par des lots les élèves prendraient plus soin de leur carnets, et voilà le résultat.
Deuxième déception : J’ai travaillé sur les Aztèques avec la professeur documentaliste, les élèves devaient rendre un dossier documentaire avec un sujet donné. Sur dix sujets seulement 5 élèves ont rendu un travail. Les consignes n’ont pas été respectées, pas d’introduction, pas de conclusion, du copier coller, des images pas illustrées. On a passé une heure à expliquer les consignes aux élèves.
Alors que faire ? Dépenser autant d’énergie pour les 4 élèves qui veulent bien se donner la peine de travailler dans une classe ? Je m’énerve parce qu’on ne me rend pas les travaux, je menace de mettre un zéro, après des semaines d’attente, de flicage je finis par le mettre, et on vient me dire à quel point je suis une prof injuste.
J’essaye de travailler différemment, ça me demande beaucoup plus de temps que si je faisais des cours bateaux. Alors voilà, il y a des jours où je les comprends les profs désabusés. J’aimerais vraiment apporter quelque chose aux élèves. Peut être que je n’ai pas choisi la bonne matière. Je vous jure que je me donne à 300% dans mon travail, que je ne suis pas cette fonctionnaire de base que j’exècre, et pourtant, il y a des jours où je me dis « putain mais comment je vais faire pour tenir 40 ans ». Alors je pense à Elle. Elle est primo-arrivante. Elle a 17 ans et c’est sa première année d’espagnol en 3ème. En une année, et en étant notée de la même façon que les autres en fin d’année elle a de meilleurs résultats que certains élèves qui ont une année d’espagnol derrière eux. Elle parle maintenant très bien le français et pour l’année prochaine elle a trouvé une formation professionnelle qui lui plait.
C’était dur aujourd’hui de me prendre un certaine réalité en pleine face…