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4 avril 2007

Sage Burgos 11/ Festival de rock et sentiments.

«Sur la route Jorge était égal à lui-même, enthousiaste, il avait préparé des albums, le programme des concerts de ce soir, les “Sunday”’s étaient passés la veille, je les avais ratés, Jorge me montra les photos qu’il avait prises d’eux, il avait même bu une bière en leur compagnie, je sortais avec un photographe qui avait shooté les Sunday Drivers !

Sur la route je lui demandais s’il avait monté sa tente sur le camping. Il répondit que non, et qu’on pouvait dormir dans la voiture, où alors chez ses parents.

Je changeais de couleur, et dit qu’il était hors de question que je mette les pieds chez sa mère. Une mère espagnole qui a 4 fils, et qui dit que les garçons c’est mieux que les filles parce que ça pose moins de problèmes, je me disais que je n’avais pas envie de la rencontrer de si tôt. En Espagne c’est comme ça, on ne rencontre pas la belle famille sauf si c’est une histoire très très sérieuse, on ne dort pas chez son amoureux sauf en cas de guerre, et surtout, quand on dort chez la belle famille, c’est jamais dans la même chambre que son cher et tendre, et la pudibonderie dans tout ça ? L’Espagne que je connais moi, dans les villages, c’est celle des on-dit, des petites vieille cachées derrière des rideaux pour rapporter des commérages, des réputations de marie-salope qui se font pour un baiser trop appuyé dans la rue, pour une jupe un peu courte, pour un changement trop fréquent de copain, alors non, je n’avais pas envie d’être jugée par la mère jalouse de ce garçon que j’appréciais tellement, devinant avant même de la voir une mère possessive aux yeux de laquelle aucune fille ne trouverait grâce.

Jorge me demanda pourquoi je ne voulais pas dormir chez lui. Je lui dis que je ne voulais pas mettre sa mère mal à l’aise, qu’allait il lui dire ? « Que tu es la fille dont je suis amoureux » répondit-il, « si elle n’est pas contente tant pis pour elle », parfait, c’était le meilleur moyen pour qu’elle me haïsse à tout jamais. Nous décidâmes de voir plus tard. Pour l’instant il fallait manger un bout, puis les concerts commenceraient. Un ami de Jorge nous rejoignit, Iker, il était en école de journalisme, et il faisait un stage au journal pendant l’été. Je ne l’aimait pas, il n’écoutait que du punk, et se donnait un genre « la vie c’est de la merde, trop dur », alors que c’était un petit fils à papa. Il me taquina un peu, genre « tu sais pas ce que Jorge a fait hier, il a emballé grave ». Je regardais Jorge qui répondit « non c’est Iker qui a dragué, moi j’ai été sage », je le renvoyais dans les cordes « ah bon, moi je me suis fait draguer hier soir quand on est sorties avec les filles, bon c’est sûr j’aurais pas du mettre ma minijupe en jean, trop sexy je pense… » le sourire moqueur de Jorge tomba : « le pire, c’est que je sait que c’est vrai… ». Jorge avait froid, j’avais pris de pulls en rab, je lui en passais un. Avant le concert, Jorge pris quelques photos des spectateurs, des gens du merchandising, de moi. J’adorais ces portraits, il savait mettre les gens à l’aise, et capter leur essence, les groupies, quelques gothiques, des jeunes piercés et tatoués, une vendeuse de badges à messages, tous succombaient à son charme, prenaient des poses. Puis les concerts commencèrent. La soirée fut magique, et le froid toujours présent.

Les concerts se succédèrent jusqu’à Mercromina. C’était le dernier concert de ce groupe qui avait annoncé sa séparation quelques mois plus tôt. Jorge me chantait souvent l’une de leurs chansons En un mundo tan pequeño (Dans un si petit monde) en me disant qu’il allait avoir une overdose d’amour. Je me sentais bien.

Vers 4 heures, alors que j’étais épuisée, Jorge me pris en traitre, « bon demain je commence à 8 heures à Burgos, si on va se coucher maintenant chez mes parents je pourrais dormir 4 heures, j’ai vraiment besoin de récupérer, demain j’ai une grosse journée avec le journal. Ils ne sauront même pas qu’on est venus. J’acceptais finalement, parce que nous avions froid, et que dans la voiture nous n’avions pas de quoi nous réchauffer. Nous entrâmes chez lui sans bruit. Nous nous couchâmes dans le lit une place d’une chambre d’ado, celle de l’un de ses frères engagé dans l’armée m’avait il dit. Il s’endormit rapidement. J’essayais de ne pas bouger pour ne pas le réveiller. Je réussi enfin à m’endormir. C’est Jorge qui me réveilla. J’avais horriblement envie d’aller aux toilettes, et aucune envie de croiser sa mère dans le couloir, j’y allais finalement, et en sortant j’entendis « C’est toi Jorge ? ». Et merde ! Jorge répondit « oui, oui c’est moi maman ». La voix repris « tu es venu dormir avec un copain ? ». Ben voyons ! Un copain avec des cheveux long et qui met des soutiens-gorge…

« Oui maman, on y va là, j’arrive. » Je m’habillais rapidement. Jorge alla faire un petit bisou à sa mère dans la chambre. Bon, puisqu’elle savait que Jorge n’était pas seul, autant me brosser les dents. Une fois dans la rue je lâchais un grand soupir de soulagement :« Tu vois tu disais qu’ils dormiraient ! J’ai eu super peur qu’elle débarque moi au milieu du couloir ! » Jorge m’embrassa pour me faire taire. Nous devions passer pendre Iker au camping avant de rentrer à Burgos. Il était épuisé, je lui proposais de conduire, il refusa, puis s’arrêta quelques kilomètres plus loin pour me laisser le volant. Les deux garçons s’endormirent rapidement. La musique de Bjork m’accompagna jusqu’à la résidence. Arrivée à destination je souhaitais une bonne journée à mon photographe puis rentrait. Il ne restait plus qu’une semaine avant le départ.

Les filles étaient au réfectoire. Je petit-déjeunais avec elles. Elles me demandèrent comment était le concert. Elles commençaient à demander : « mais comment vous allez faire ? Vous allez rester en contact ? ». Jorge me répétait qu’il viendrait me voir en France. Qu’il voulait voir mon monde après m’avoir montré le sien, voir où j’habitais, comment était ma maison. Je répondis qu’on n’en avait pas parlé, qu’on se contentait du moment présent. Qu’il viendrait peut être en France, et qu’effectivement, je savais qu’avec la distance ça ne pourrait pas durer. Je réfléchissais à une demande d’assistanat (un poste d’assistance de langue dans un collège en Espagne). Céline me dit « mais de toutes façon c’est un flirt d’été non ? La question ne se pose pas ». Je répondis que c’était vrai, mais que les sentiments étaient là et qu’il était dur de les ignorer. Céline était étonnée : « mais tu peux pas être amoureuse, tu le connais à peine ». Je répondis que si aimer c’est penser à l’autre sans arrêt, avoir envie de le voir tout le temps, avoir le cœur qui cogne dans la poitrine quand on le voit et fondre lorsqu’on l’embrasse, alors j’étais très certainement amoureuse. Je lui dis que s’il y avait pour moi un homme idéal, Jorge correspondait en tous points aux critères, que je savais que cette histoire était impossible, mais que j’avais envie de rêver encore un peu. Céline dit qu’elle ne concevait pas qu’on puisse aimer au bout de 3 semaines, que c’était une passade. Ces propos me blessèrent un peu, comme si elle condamnait mon cœur d’artichaut.

J’en étais là, triste de quitter Burgos, et en même temps j’avais envie de profiter de cette dernière semaine à fond. Le soir Jorge vint me voir à la résidence. Il s’était disputé avec son père. Il me raconta les tentatives de suicide de celui-ci, les éternelles disputes de ses parents, ses trois frères. J’avais honte de la vie facile, de l’enfance merveilleuse que j’ai eue. Il disait qu’il ne fallait pas. Nous fîmes l’amour tendrement. Il pensait de plus en plus à mon départ. Lançait des « ne part pas, reste avec moi, je veux que tu restes… ».

A suivre…

(on approche de la fin, plus qu’une semaine à Burgos, et puis l’après…)

Demain le clip de En un mundo tan pequeño et la traduction de la chanson.

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Commentaires
M
Ahlala<br /> <br /> Quelle belle histoire!<br /> <br /> Je n'ose penser au denouement, j'ai déjà la larmichette à l'oeil...
E
Chouette la saga de Burgos continue !!!
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